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La Bibliothèque du Conservatoire du Pays de Montbéliard possède un fonds ancien important, comprenant des partitions souvent rares, parfois uniques, et donc d'une grande importance historique, tant au niveau national que local. Ce fonds ancien s'est progressivement constitué depuis une vingtaine d'année, grâce à une succession de généreuses donations.

 

Le fonds More-Pradher

Le Conservatoire hérita en juillet 1996 d'une riche collection de partitions des XVIIIe et XIXe siècles dont le pré-inventaire et le catalogage furent entrepris par les étudiants des classes de culture musicale sous la direction de leur professeur, Denis Morrier. L'inventaire et le catalogage des sources antérieures à 1850 fut réalisé dans le cadre du RISM (Répertoire International de Sources Musicales) et apparaît désormais dans les publications et autres bases de données de cette institution internationale.

Les nombreuses mentions d'appartenance, de dédicaces, la présence de manuscrits musicaux et de plusieurs documents annexes permirent de comprendre les origines et la constitution de ce fonds dont la cohérence forme l'un des aspects les plus remarquables. Le fonds compte 191 volumes, et un grand nombre de partitions séparées, fragments, esquisses et manuscrits divers.

La « strate » Louis Pradher :

Les pièces les plus anciennes proviennent de la bibliothèque de Louis-Barthélémy Pradher ( ?-1781 ­ Gray, 1843). Ce pianiste virtuose fut l'élève de Méhul et lauréat du Conservatoire de Paris en l'an VII de la République. Il composa plusieurs opéras comiques, des romances, un quatuor et de nombreuses oeuvres pour piano. Le fonds montbéliardais comprend la plupart de ses oeuvres imprimées (souvent non conservées à la BnF), dans leur édition originale, souvent annotées par leur auteur. Notons également la présence de la première édition française du Requiem de Mozart (1804), un Singspiel de Dittersdorf (Doktor und Apotheker, 1788), et des éditions princeps de pièces pour pianoforte de Clementi, Dussek, Gelinek, Hérold et Kalkbrenner. Apparaissent également 66 oeuvres de musique de chambre et pour piano.

La « strate » Félicité More, épouse Pradher : En 1817, Louis Pradher épousa Félicité More. Née à Carcassonne en 1797, cette chanteuse fit ses premiers pas sur une scène de théâtre en 1805, chanta à l'opéra de Montpellier en 1810, puis à Rouen en 1815. En 1816, elle devint sociétaire de l'Opéra Comique de Paris. En 1840, les époux Pradher se retirèrent à Gray. Madame Pradher s'y est éteinte en 1876, entourée de ses « souvenirs artistiques ». Le fonds More-Pradher recèle la quasi-totalité des partitions des opéras comiques qu'elle a chantés, sous la forme rare de « grande partition d'orchestre », souvent ornées des dédicaces des compositeurs, voire d'indications manuscrites (comme des variantes ornementales) de la main de la chanteuse. 24 grandes partitions d'opéras comiques y sont ainsi conservées (Auber, Boieldieu, Adam, Hérold, Halevy, Carafa, Pradher) et 131 extraits d'opéra. Outre ces opéras, un grand nombre de romances du début du XIXème siècle apparaissent encore dans le fonds : pas moins de 411 romances écrites par des compositeurs fameux (Adam, Boieldieu) ou moins célèbres, comme Loïsa Puget, Francesco Masini, Amédée de Beauplan, Charles-Henri Plantade, Louis Claplisson, Auguste Panseron.

La « strate » Jules More :

À sa mort, les « souvenirs artistiques » de Madame Pradher furent légués à son neveu, Jules More (1823-après 1910). Jules More, excellent musicien et compositeur lui-même (ses oeuvres manuscrites et imprimées figurent dans le fonds), joua un rôle prépondérant dans les sociétés chorales amateurs de Haute-Saône au XIXème siècle, dirigeant entre autres les choeurs orphéoniques de Gray et d'Autrey. Son cahier intitulé "Souvenirs de Famille", écrit en 1902 pour ses descendants, nous est parvenu avec le fonds, et constitue un inestimable document à la valeur tout autant historique qu'affective.

Jules More a considérablement agrandi la bibliothèque musicale familiale, organisant ses acquisitions dans la continuité de l'héritage de Louis et Félicité Pradher. Grâce à lui figurent dans le fonds un grand nombre de partitions (chant-piano pour la plupart) d'opéras français, mais aussi allemands et italiens, de la seconde moitié du XIXème siècle. Romances, mélodies et lieder, musique liturgique et sacrée apparaissent également, tout comme la musique de piano, de chambre et de danse. Mais les apports de Jules More les plus exceptionnels consistent en les volumes reliés conservant les répertoires chantés par les différentes sociétés orphéoniques qu'il a dirigées. Ces volumes forment l'une des sources de musique orphéonique les plus cohérentes et les plus précieuses qui soient conservées en France. 

Le fonds More Pradher est consultable à la Bibliothèque, sur rendez-vous uniquement.

 

D'autres donations ont permis l'entrée à la bibliothèque de documents de premier plan.

Le fonds Pichat :

Le legs du Docteur François Pichat, outre un grand nombre de livres modernes, comprenait une très importante collection d'enregistrements sonores, pour la plupart des disques vinyles, dont un grand nombre d'enregistrements uniques de musique du XXème siècle, devenus introuvables de nos jours.

Le fonds Suzanne Léger-Bermont :

Le dernier legs dont ait bénéficié la bibliothèque provient de la succession de madame Suzanne Léger, née Bermont. Elle était la fille d'Armand Bermont, qui fut maire de Montbéliard avant-guerre, et vécut plus de cent un ans. Jusqu'à sa retraite, elle fut professeur de piano au Conservatoire de Montbéliard, et continua de donner des cours particuliers pendant plus de trente ans à son domicile rue Jules Grosjean. Ses héritiers, Mme et M. Lavieuville ont fait don de sa bibliothèque musicale au Conservatoire du Pays de Montbéliard.

Elle consiste principalement en partitions de piano, comprenant plusieurs partitions peu courantes de musique française du XXème siècle. Elle comprend également un certain nombre de livres sur la pédagogie musicale (pour certains contemporains de sa formation à l'Ecole Normale de Musique dans les années 30), et sur l'enseignement du piano en particulier (dont les ouvrages, devenus rares, de Marie Jaëll).

Elle recèle surtout un grand nombre de documents et de notes personnelles (notices d'auditions, bulletins et appréciations d'élèves) qui sont en lien direct avec l'histoire de l'Ecole de Musique de Montbéliard (comme des programmes d'audition remontant jusqu'en 1938, ou durant l'Occupation, etc.). Ces documents sont d'autant plus remarquables que notre établissement n'a conservé aucune archive de cette époque.

 

Denis Morrier, professeur de Culture Musicale au Conservatoire du Pays de Montbéliard

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