La tomate et la habanera. La rhétorique de l'image de Roland Barthes : quels outils pour quelle analyse ? L'exemple de La Soirée dans Grenade.
En 1964-65, Roland Barthes anima un séminaire à l'Ecole Pratique des Hautes Etudes sur le thème de 'l'ancienne rhétorique' - la rhétorique classique, 'ancienne' car apparemment obsolète. Dans le même temps, un autre article de Barthes ('Rhétorique de l'image', 1964) faisait pourtant l'hypothèse de sa survivance dans des textes non linguistiques... en l'occurence dans les affiches publicitaires. Pourquoi pas dans les oeuvres musicales ? Barthes étudiait une publicité Panzani ; nous nous penchons ici sur La Soirée dans Grenade de Debussy. Nous paraphrasons d'abord l'analyse de Barthes (une analyse sémiotique usant de catégories rhétoriques - les figures - et apparaissant comme une 'analyse de réception'), ce qui permet de saisir les temes de l'opération menant de La Soirée aux textes poétiques qu'Alfred Cortot et Federico Garcia-Lorca rédigèrent à son sujet. S'ensuit une phase critique relative aux définitions que l'article de Barthes donne aux termes de 'rhétorique', de 'signe', et de 'réception', qui nous permet de réaliser que notre 'analyse de réception' n'est ni une 'analyse rhétorique' de La Soirée, ni une 'analyse non rhétorique' de cette même oeuvre, mais une analyse rhétorique des textes de Cortot et de Garcia-Lorca.
Jean-Claire Vançon est agrégé de musique, doctorant et allocataire-moniteur à l'Université de Paris Sorbonne
Numéro : Vol.XII, n°1-2