De nombreux artistes ou leurs biographes ont décrit le trac. Certains ont étudié les émotions comme instrument pour influencer le travail scénique, mais peu d'auteurs avant 1970 ont fait des recherches dans ce domaine. Depuis ces dernières années, les publications se multiplient, notamment dans les pays anglo-saxons. Le trac est une forme d'émotion ; on pourrait le définir comme une peur ou une angoisse irraisonnée que l'on ressent avant d'affronter une épreuve et que l'action dissipe généralement. Une anecdote circule toujours dans les coulisses des théâtres : à une jeune artiste qui se ventait de ne pas connaître le trac avant d'entrer en scène, Sarah Bernard aurait dit : "Ne vous inquiétez pas, cela viendra avec le talent". Cette réponse ironique induit deux remarques : d'une part pour connaître le trac, il faut un engagement personnel, une situation à défendre, la conscience de sa fragilité et de sa responsabilité face au répertoire, au public et attribuer de l'importance au regard critique du public. D'autre part, le talent, cette qualité subtile, implique une tension interne, une émotion qu'un détachement trop intense peut dissoudre. Cela pose le problème de l'action thérapeutique et plutôt que de supprimer le trac, , il s'agira de le gérer, de le maîtriser. Alors le trac, cette tension anxieuse, pourra devenir favorable et aller de pair avec le talent de l'artiste. "Le trac chez l'acteur [l'artiste] est un adjuvant, une sorte de préparation à l'anesthésie scénique, à l'inspiration, pour accueillir la grâce sans laquelle il n'y a pas de grand comédien (Jouvet)."

Numéro : 54