Documents COHEN-LEVINAS, Danielle 9 résultats

Quelques considérations autour de la postérité du Gesamtkunstwerk nous amènent à comprendre en quoi et comment la question de l'opéra au XXème siècle a maintenu, tout en déconstruisant les codes et conventions sous-jacents, l'utopie d'une forme d'art total dans laquelle la musique est souveraine. Il s'agit, en s'appuyant sur des exemples précis, de situer la façon dont cette utopie accompagne, dans la seconde moitié du XXème siècle, d'une part les réalisations les plus subversives, celles qui ont fissuré le projet Gesamtkunstwerk de l'intérieur, et d'autre part, les tentatives de réhabilitation d'une démarche compositionnelle non conflictuelle par rapport à l'héritage wagnérien, ou du moins, réfléchissant les conditions critiques d'un renouveau de l'opéra à travers une volonté de rassemblement et non plus de dispersion.[-]

Sérialisme et spectralisme représentent dans la seconde moitié du XXe siècle deux courants fondateurs de la composition musicale. Les deux ont pour caractéristique d'avoir développé, à travers leurs représentants respectifs, une conscience historique du rôle qu'ils devaient occuper et tenir. Les liens entre sérialisme et spectralisme ont été rarement discutés pour tenter une approche logique et critique. L'omniprésence de la préocuppation pour la structure, de la combinatoire et des phénomènes de paramétrisation dans la musique sérielle ne sauraient occulter la volonté pertinente d'objectivité du matériau dans la musique spectrale via les modèles acoustiques et la formalisation des technologies de studio ; bien que cette objectivité soit fondée sur un passé plus récent, on peut aujourd'hui mieux comprendre comment elle partage les interrogations du sérialisme en reconduisant partiellement ses modèles.

Danielle Cohen-Levinas est musicologue et philospohe. Ingénieur de recherches au CNRS, elle enseigne l'esthétique musicale à l'Université de Paris I. Elle est membre du conseil de rédaction de Musurgia[-]

Dès lors que nous abordons la question du temps, nous sommes contraints d'évoquer d'emblée le postulat tenace selon lequel la musique est un art du temps. Temps et musique sont indissociables : déclaration ex cathedra que se partagent les anciens et les modernes. Comment fonctionne le temps musical, à savoir, les relations entre les sons, les structures et la forme ? Cette question oblige une traversée historique dans les principes mêmes d'écriture et de notation qui ont fondé les principales esthétiques. Le texte, Du temps Musical, a pour but de dresser une sorte de cartographie des fonctions temporelles, en mettant en exergue les enjeux qui les régissent : relations entre la durée et les autres paramètres du son, par exemple. Par ailleurs, différentes conceptions du temps au sens philosophique du terme enterinent le projet musical. Ici encore, on tentera de mettre en évidence les liens parfois occultes qui traversent, d'un côté, la question du temps en général, et de l'autre, celle de la musique en particulier.
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On constate le paradoxe suivant : la musique est partout présente dans notre vie mais il existe fort peu de lieux consacrés à la réflexion sur la musique, à la simple prise de conscience de sa place réelle, de ses problèmes, de ses pouvoirs. InHarmoniques tentera d'être l'un de ces lieux, à la fois point de convergence des différentes tendances de la création et de la recherche et - comme le suggère son titre volontairement ambigu - espace de confrontation et parfois d'affrontement, entre les principaux courants qui se manifestent en musique même à propos de la musique dans sa relation, souvent conflictuelle, avec l'environnement social, politique, scientifique ou institutionnel. Par ses dossiers, ses entretiens et ses actualités, InHarmoniques se propose de contribuer à l'élaboration d'une véritable culture musicale du XXe siècle[-]

En novembre 1998 disparaîssait un des compositeurs les plus importants de sa génération, Gérard Grisey. Ce volume collectif qui lui rend hommage, nous invite à une expérience quasi proustienne de la musique. L'oeuvre de Gérard Grisey, profondément arrimée à la perception et aux lois acoustiques du phénomène sonore, élabore ce que l'on pourrait appeler une écriture du temps et de l'écoute, devenue une des esthétiques les plus irréductibles dans les années quatre-vingt. Gérard Grisey concevait le son "comme une nouvelle peau. Comme une zone de contact presque tactile entre l'auditeur et l'oeuvre".[-]

Tout dialogue est un acte d'immersion. Immersion dans un monde d'idées et d'élaboration à découvrir et à connaître. Toute rencontre précédant ce dialogue est à inventer. On ne peut jamais savoir où nous mène une causerie, qu'elle soit à bâtons rompus, ou qu'elle soit le résultat d'une construction préalable. Ce volume regroupe un ensemble de ces rencontres, dialogues et causeries avec des compositeurs de toutes tendances esthétiques. Transversalité de générations et de préoccupations qui appellent une autre manière d'immersion. Celle-ci, dans la pluralité des objets singuliers que le lecteur sera amené à son tour à rencontrer et à découvrir. On lit ces causeries comme si une partie de nous participait activement au débat : comme si on pouvait intervenir et répondre à son interlocuteur. Et c'est peut-être là la singularité de cet ouvrage. [-]