Documents COEURDEVEY, Annie 7 résultats

Sous son apparente clarté harmonique, la musique de Haydn recèle un intense travail d'élaboration basé sur le contrepoint et toutes ses ressources combinatoires, et en particulier dans le répertoire sacré où les passages en style savant sont de rigueur. Dans la messe Nelson, l'impression d'une profonde unité reliant le Kyrie au Gloria se confirme par un travail d'analyse sur les constituants les plus élémentaires du matériau musical : cellules rythmiques, cellules mélodiques, et surtout intervalles contrapuntiques qui se révèlent être le ciment organique de l'ensemble de la composition.

Annie Coeurdevey est docteur en Musicologie et membre du Conseil d'Administration de la SFAM
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A quel moment peut-on analyser la musique française du XVIIe selon les procédures de l'écriture tonale ? Un élément de réponse peut être cherché dans le répertoire vocal des premières années du siècle, l'air de cour-héritier de la chanson polyphonique de la Renaissance. Sur le plan formel d'une part, la pratique de la mise en tablature fait qu'on s'oriente progressivement vers le schéma de la mélodie accompagnée par une basse continue ; par ailleurs, au plan de la pensée harmonique, divers symptômes (procédés cadentiels, réduction du nombre des modes) indiquent que la théorie modale, déjà affaiblie par son insertion dans un tissu polyphonique, tend à se transformer en un système harmonique et bi-modal.

Annie Coeurdevey est docteur en musicologie et membre du conseil d'administration de la société française d'analyse musicale. [-]

Pour le plus grand nombre, la création musicale contemporaine apparaît dans sa profusion comme dénuée de cohérence. La musique d'aujoud'hui qui, c'est vrai, expose des esthétiques souvent contradictoires ou même antagonistes, ne se révèle pourtant pas moins logique et porteuse d'imaginaire que celle d'hier : en se constituant par le biais d'un redéploiement systématique de la tradition tonale, elle acquiert sa cohésion ; en inventant un objet musical variable et multiforme, elle montre que la musique est partout autour de nous si nous savons l'entendre.

Claudy Malherbe est compositeur, Directeur du Conservatoire Erik Satie et membre du comité de rédaction de Musurgia[-]

Une analyse de la chanson-motet de Josquin Desprez, Nymphe des bois, ne peut se faire sans une étude préalable des sources, en raison de leur particularité : l'absence de clé sur la portée, remplacée par le placement du bémol à l'armure, indiquant l'emplacement du fa. Une telle pratique est l'occasion de rappeler le système conceptuel, inchangé depuis le Moyen Age, dans lequel s'inscrit la création mélodique du compositeur de la Renaissance, avec son profil spécifique déterminé par le mode (ici le mode de mi). L'analyse peut alors s'établir sur des bases classiques : découpage formel, structure cadentielle, étude motivique. Pour finir, les questions d'inflexion accidentelle sont abordées à partir de quelques points problématiques qui se posent notamment au début de l'oeuvre sans que puisse être toujours proposée une solution définitive.[-]

Compositeur majeur de la Renaissance, Roland de Lassus (1532-1594) connut de son vivant une grande notoriété, à l'échelle européenne.
Né à Mons, il voyage en France et en Italie avec le vice-roi de Sicile ; en poste à Naples, puis à Rome, il retrouve les Flandres en séjournant à Anvers. C'est à Munich, où il s'installe en 1556 auprès des ducs de Bavière, qu'il passe la plus grande partie de sa vie, sans toutefois cesser de parcourir l'Europe. Couronné d'honneurs, il est publié en Flandre, à Venise, à Paris, en Allemagne. Annie C?urdevey retrace de façon minutieuse la carrière de ce compositeur éclectique qui, d'abord jeune homme orgueilleux et prêt à tout pour arriver, devient un homme mûr avide d'argent et d'honneurs puis un vieil homme inquiet du salut de son âme.
Si, comme pour tout musicien de cette époque, les sources sont lacunaires, la connaissance de l'être intime de Lassus s'appuie sur des documents captivants, en particulier la correspondance que le musicien adressa au duc de Bavière ; ces lettres, écrites dans un mélange de toutes les langues que pratiquait Lassus, révèlent, par leur talent d'écriture hors du commun, une personnalité d'exception. Son ?uvre très vaste, qui constitue l'apogée de la polyphonie du XVIe siècle, comporte quelques pièces profanes (des chansons françaises entre autres) mais essentiellement des compositions religieuses (messes, motets, madrigaux spirituels).
A l'époque des querelles religieuses et du concile de Trente, Lassus, fervent catholique, est attaché aux cours engagées dans la défense de cette foi. La richesse de son écriture, sa maîtrise de l'héritage polyphonique et la façon dont il constitue une synthèse de son époque sont étudiées en détail, force exemples musicaux à l'appui.[-]

A quel moment peut-on analyser la musique française du XVIIe selon les procédures de l'écriture tonale ? Un élément de réponse peut être cherché dans le répertoire vocal des premières années du siècle, l'air de cour-héritier de la chanson polyphonique de la Renaissance. Sur le plan formel d'une part, la pratique de la mise en tablature fait qu'on s'oriente progressivement vers le schéma de la mélodie accompagnée par une basse continue ; par ailleurs, au plan de la pensée harmonique, divers symptômes (procédés cadentiels, réduction du nombre des modes) indiquent que la théorie modale, déjà affaiblie par son insertion dans un tissu polyphonique, tend à se transformer en un système harmonique et bi-modal.

Annie Coeurdevey est docteur en musicologie et membre du conseil d'administration de la société française d'analyse musicale. [-]

Josquin et ses contemporains : c'est ainsi que se présente, dans la plupart des histoires de la musique, cette période dite de la troisième génération des compositeurs franco-flamands, couvrant quatre décennies autour de l'axe central et symbolique 1500. Le génie musical s'y manifeste par l'alliance de dispositions opposées : un attachement aux élaborations hautement intellectuelles et constructivistes du passé, et un esprit proprement humaniste d'ouverture aux qualités émotionnelles de l'expression musicale du texte. On peut voir en Josquin, comme l'ont vu ses contemporains, le plus brillant représentant de cette synthèse de l'art combinatoire et de l'émergence d'un "expressionnisme" musical, par la vertu du langage de son temps, celui du contrepoint porté à son plus haut degré de perfection.[-]